TRIBUNE LIBRE
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ans
l'univers du spectacle en général, celui de la télé et du cinéma en particulier
ou dans le monde du football, les enfants gâtés pullulent. Quelques-uns sont
« fils ou fille de ». Après tout, ce n'est pas une tare, notamment
quand certains d'entre eux révèlent un réel talent. Cela dit, c'est assez
facile d'être un honnête bateleur, quand on se sent protégé et que l'on sait
que son patronyme va rassurer les producteurs.■
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our les autres, n'ayant
aucune disposition particulière, l'ascension sociale se fera tout de même sans
encombre : les relations, ça aide !
Tant mieux pour eux. Et si la plupart gagnent beaucoup d'argent en s'amusant,
il n'y a là rien de répréhensible.
Par
contre ce qui est moins sympathique, ce sont leurs déclarations intempestives
que le système utilise comme si elles étaient des vérités incontestables.
Surtout, le plus déplaisant, c'est quand ces enfants gâtés deviennent
méprisants et pontifiants, alors qu'ils ne sont que des clowns, et qu'ils se
prêtent au jeu en finissant par croire, eux-mêmes, qu'ils sont les nouveaux
philosophes des temps modernes.
Plutôt que de donner des
leçons de savoir-vivre à tous ceux qui sont les véritables piliers économiques
et culturels du pays, qui triment chaque jour pour que la France reste un pays
où il fait bon vivre, ils feraient mieux de se taire. Et quand ils insultent
des policiers, en les traitant de « bâtards »,
quelles que soient les circonstances, là, on frise l'indécence. Car, on connaît
l'habituelle compassion des « fils
et filles de », envers les nouveaux « damnés de la terre »,
délinquants en tous genres et autres dealers des cités, pauvres « victimes des brutalités
policières »...
Dans
le monde du football, les enfants gâtés sont rarement des héritiers.
Tout au moins, ceux qui sont sur le terrain. Il faut reconnaître que ceux-là
transpirent toutes les sueurs de leur corps, pour arriver au sommet d'une
carrière. Mais là où ça dérape, c'est justement quand ils y arrivent. Beaucoup,
n'ayant aucune éducation et un pois chiche à la place de la cervelle, se muent,
très vite, en véritables vauriens capricieux et insolents. Le plus souvent
vulgaires et incultes, ne sachant pas prononcer un seul mot en bon français,
crachant sur la France à tout-va, ils
sont présentés comme des exemples de réussite sociale. Idoles de toute une
jeunesse décérébrée qui rêve de devenir célèbre à tout prix, le système ne se
prive pas pour porter au pinacle leurs moindres faits et gestes. Bel exemple
!
Les enfants gâtés aux
patronymes prestigieux sont une aubaine pour le néolibéralisme, uniquement
préoccupé par la rentabilité immédiate ; la reproduction sociale des élites est
plus efficiente que la méritocratie qui mettra trop de temps à porter ses fruits.
Pour cela, la consolidation des dynasties est assurée par une savante mise en
place de l'entre-soi dès l'école (privée) où se retrouvent tous les enfants de
la crème du monde artistique, économique et politique. Et les liens se créeront
très vite, naturellement, pour tenir, plus tard, le haut du pavé ! Cela est
particulièrement vrai dans le microcosme du cinéma : on ne compte plus les enfants issus de professionnels du spectacle qui
ont été consacrés par un César… sans réelle justification. Et qui leur permet
de faire des carrières fructueuses. Facilement. Comme il leur est facile de
passer pour un bon comédien, devant une caméra, après quinze prises de vue et
si le metteur en scène est un peu compétent. Bien sûr, quand on a une solide
formation d'acteur, c'est mieux - pour le spectateur - mais ce n'est pas
indispensable.
Au
théâtre, c'est une autre paire de manches. Tous les acteurs connaissent la
différence : il vaut mieux éviter, devant les spectateurs, de redire, en
rigolant, une réplique ratée. Ici, la désinvolture de l'enfant gâté n'est pas
de mise.
Dans le monde économique où
la méritocratie est particulièrement en panne, c'est un ancien dirigeant du
CNPF (ancien MEDEF) Yvon Gattaz qui, en paraphrasant Marcel Achard, a eu un
trait d'humour qui résume bien la condition de cette société élitiste : « Pour la succession des entreprises
familiales, les patrons se partagent en deux catégories : ceux qui croient que
le génie est héréditaire et ceux qui n’ont pas d’enfants ».
►Quel
que soit le domaine, le génie n'est jamais héréditaire.
Mais si l'héritier n'est pas génial, c'est un moindre mal, s'il assume, plutôt
bien, son job. Sinon qu'il se taise ! Tout au moins sur la manière d'exercer un
métier, mal payé, à ceux qui n'en rigolent pas tous les jours.■