vendredi 3 mai 2013

Recrutement de médecins étrangers : un marché opaque

S
tella Medica, Kaduce Conseil, Medicis Consult : les sociétés privées qui recrutent des médecins étrangers fleurissent en France, surfant sur la pénurie de praticiens dans certaines régions ou spécialités. Mais ce marché récent est peu encadré et opaque, ce qui conduit parfois à des abus.
Guiscriff (Morbihan), 2.400 habitants, a accueilli en avril son nouveau médecin, un Italien désireux d'exercer "au vert". "Il est venu se perfectionner pendant un mois en français avant l'ouverture du cabinet" prévue début mai, raconte Renée Courtel, la maire, ravie d'avoir trouvé la perle rare après deux ans de petites annonces. C'est Medicis Consult, une société privée spécialisée dans le recrutement de médecins étrangers, qui lui a présenté le praticien.
Coût de l'opération : 8.000 euros. Pour ce prix, l'agence déniche un candidat, vérifie les diplômes et assure les démarches administratives.¢


Maires ou directeurs d'hôpitaux n'hésitent pas à faire appel à ces structures, françaises ou étrangères.
C'est un phénomène "assez récent", son développement remonte à trois-quatre ans, selon Mathilde Reynaudi, auteur d'une étude du Centre d'analyse stratégique (CAS).
Combien de sociétés existent en France ? "C'est le flou le plus complet", affirme Patrick Romestaing, en charge de la démographie médicale à l'Ordre des médecins. On en recense une dizaine sur internet.

Arime fait partie des pionnières. Sa fondatrice, Sophie Leroy, s'est lancée sur le marché en 2006 avec son père, ancien directeur hospitalier.
L'agence revendique un "recrutement haut de gamme" et facture ses prestations 25.000 euros hors taxes pour un généraliste, 35.000 pour un spécialiste.
"On ne recrute pas un médecin comme on recrute un plombier. C'est un énorme travail de prospection, nous allons systématiquement dans le pays rencontrer les candidats", explique Mme Leroy.
Parmi ses clients : des hôpitaux, des cliniques, des collectivités mais aussi... des enseignes de la grande distribution souhaitant ouvrir un cabinet médical dans leurs centres commerciaux.
L'entrée de la Roumanie dans l'Union européenne en 2007 " a fait décoller notre activité", affirme Mme Leroy.

Car ces sociétés recrutent d'abord en Europe de l'est, en particulier en Roumanie. La première raison est financière : un médecin roumain ne gagne que 300 à 400 euros par mois dans son pays. La seconde est liée à l'enseignement du français dans les écoles roumaines, qui favorise les échanges.

La plupart des candidats sont issus de l'UE car les diplômes européens permettent d'exercer en France au même titre que les praticiens français.
Depuis la crise, qui n'a pas épargné les personnels de santé, le Portugal, l'Espagne, l'Italie et la Grèce sont devenus des viviers de recrutement, a constaté l'AFP auprès des agences interrogées.

En Grèce, le salaire des médecins du public a diminué de moitié. En Italie, les contrats publics sont désormais de 15 jours "sans visibilité sur l'avenir", explique Mme Leroy.
"Nous avons beaucoup de candidats en Grèce, où les conditions de travail se sont détériorées", confirme Zuzanna Jendryczko, en charge du secteur France pour Paragona, une agence basée en Pologne.

Depuis 2006, elle recrute pour des établissements du nord de la France: surtout des anesthésistes, gastro-entérologues, radiologues ou généralistes.
Vendredi 19 avril. Centre hospitalier régional de Lille. Mme Jendryczko vient présenter une anesthésiste polonaise de 37 ans, Magdalena Bartoszcze.

Si la rémunération "n'est pas un problème en Pologne", cette mère de deux jeunes enfants aspire toutefois à venir en France pour "faciliter sa vie familiale" et "développer sa carrière".
"En Pologne, je dois beaucoup travailler, environ 50 heures par semaine, sans pouvoir prendre un jour quand mes enfants sont malades", explique-t-elle dans un français hésitant.
Si l'affaire se conclut, elle suivra une formation de trois mois en langue française, comprenant l'apprentissage des termes médicaux, dispensée par le propre centre de Paragona en Pologne.

Problème : son mari est aussi médecin mais dans une spécialité beaucoup moins recherchée en France, l'orthopédie.
"Comme cela relève du domaine médical, nous allons essayer de lui trouver quelque chose, même à temps partiel", assure la responsable de l'agence, qui se charge aussi d'inscrire les enfants à l'école et de trouver un logement.
Ses tarifs restent toutefois confidentiels.
Car dans ce marché émergent, "les prestations sont très variables, tant au niveau du prix que du contenu", affirme Mathilde Reynaudi, du CAS.

Certaines agences "accompagnent vraiment le médecin au niveau de la formation à la langue, le préviennent sur le lieu où il va arriver, sur les possibilités pour le conjoint de travailler, préparent les conditions d'accueil", tandis que d'autres "se contentent de vendre du CV, sans expliquer au professionnel recruté et à l'employeur les conditions réelles d'emploi", raconte-t-elle.

Mal préparés, ces médecins peinent à s'intégrer et à se constituer une clientèle et finissent par jeter l'éponge.
Plus d'un élu en a fait les frais après avoir déboursé des sommes importantes, selon Patrick Romestaing, qui fait état de nombreuses remontées auprès des conseils départementaux.
Les candidats doivent parfois payer pour espérer être recrutés. Une agence a même franchi les limites de la légalité en réclamant aux médecins une partie de leurs honoraires, explique-t-il.

Anne-Marie Basséras, maire de Saurat (Ariège), un village de 650 habitants, en a été témoin.
A la recherche d'un médecin, elle avait été démarchée en 2010 par une société qui l'avait mise en contact avec un candidat roumain.
"Le contrat stipulait que le médecin devait reverser 20% de ses rémunérations" à l'agence et le responsable "m'avait demandé si je pouvais garantir au médecin 4.000 euros de revenus par mois, soit 800 euros pour l'agence", raconte l'élue.

Finalement, le médecin est venu par ses propres moyens après avoir rompu son contrat avec l'agence... mais il est reparti 18 mois plus tard dans une autre région.
Aujourd'hui, Mme Basséras ne veut plus entendre parler des agences. Elle développe le transport à la demande pour que ses administrés puissent consulter dans les localités voisines.
Prestations variables, tarifs opaques, pratiques parfois discutables voire illégales : Mme Reynaudi préconise un encadrement plus strict, sur le modèle anglo-saxon.

Au Royaume-Uni, des listes d'agences, respectant un code de recrutement éthique, sont établies à destination des employeurs.

En Australie, l'État fédéral signe des contrats avec des sociétés pour recruter à l'étranger sur des critères précis et prend en charge les frais.
Des pratiques similaires existent au Danemark ou en Italie.
Le ministère des Affaires sociales et de la Santé, sollicité par l'AFP, n'a pas souhaité s'exprimer.¢
Avec AFP

La décadence

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