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ondage exclusif. Selon
une étude Ifop-“Valeurs actuelles”, un Français sur deux estime que la
présidente du FN peut se qualifier pour le second tour de la présidentielle.
Mais la route est encore longue. Et Sarkozy en embuscade. Un coup de tonnerre.
À la question “Pensez-vous que Marine Le Pen puisse se qualifier pour le second
tour de l’élection présidentielle en 2017 ? ”, un Français sur deux (51 %) répond
oui. Seule une minorité (48 %) ne juge pas cette hypothèse crédible.¢
Après
l’émission Des paroles et Des actes sur France 2 (voir
le Gaulois), jamais aux yeux des Français, elle n’a semblé disposer
d’autant d’atouts pour égaler la performance de son père en 2002. Sachant qu’en
2012 Marine Le Pen avait déjà réalisé un score supérieur au sien (17,9 % contre
16,9 %), mais que celui-ci ne lui avait pas permis d’accéder à la finale (28,6
% pour Hollande, 27,2 % pour Sarkozy)… Pour 2017, une majorité d’électeurs
estime donc possible que la présidente du FN tutoie, voire dépasse, les scores
de ses devanciers de 2012.
«
C’est un résultat impressionnant qui constitue un fait politique majeur, commente
Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop. Il s’agit
certes d’un pronostic et non d’un souhait, mais il témoigne de l’état d’esprit
actuel des Français : selon eux, Marine Le Pen et le Front national vont être
amenés à jouer un rôle encore plus important dans les mois et les années à
venir. Cela ne sera pas sans conséquences tant sur la stratégie des responsables
politiques que sur le choix de leurs électeurs. »
E À
droite, les
premiers y verront un argument supplémentaire en faveur de listes d’union
UMP-UDI dès le premier tour des municipales et, pour la présidentielle, la
nécessité de ne pas multiplier les candidatures ; les amis de Nicolas Sarkozy
qui assurent, à l’instar de son épouse Carla Bruni, que l’ancien président sera
« le meilleur rempart contre Marine Le Pen à la présidentielle » y
puiseront des arguments en faveur de son retour — et de sa candidature en 2017.
E À
gauche, François
Hollande et le PS y verront notamment un motif supplémentaire de changer le
mode de scrutin des élections européennes (retour à une liste unique nationale)
afin de “booster” le score du Front national au détriment de la droite
parlementaire.
Côté
électeurs, cette appréciation record du poids du FN poussera, elle aussi,
à modifier les comportements : « Ceux qui, à droite, se sentent proches
des idées de Marine Le Pen sans le confirmer dans les urnes pourront être
tentés, dans une logique d’efficacité, de voter pour ses listes et pour elle, explique
Jérôme Fourquet. À gauche, l’inquiétude face au risque d’une percée du FN
peut pousser à une surmobilisation et au vote utile. »
En
attendant, c’est cette attente nouvelle dans l’opinion, qu’elle soit favorable
ou hostile, que va devoir gérer le Front national. D’abord en continuant de
capitaliser des deux côtés de l’échiquier politique.
Dans le dernier baromètre
Ipsos-le Point, Marine Le Pen progresse à la fois chez les sympathisants UMP (+
5 points) et chez les sympathisants socialistes (+ 10). C’est cette double performance
qui lui permet, pour la première fois, d’atteindre 35 % d’opinions favorables
(+ 4 points) — devançant au passage le président de l’UMP, Jean-François Copé,
et le premier secrétaire du PS, Harlem Désir.
Contrairement
à ce que prédisaient nombre d’observateurs, et la plupart des politiques, sa
non-participation à la grande manifestation anti-“mariage pour tous” lui a valu
de jouer “gagnant-gagnant” : à gauche, où elle est apparue plus ouverte sur les
questions de société, malgré son opposition au projet de loi ; à droite, où sa
priorité donnée à la crise économique l’a renforcée. Pas facile, cependant, de
réitérer ce numéro d’équilibriste : en se disant « clairement favorable à
des alliances de second tour » avec l’UMP et en rappelant son attachement
aux « valeurs catholiques », Marine Le Pen progressera sans doute à
droite, tout en risquant de perdre à gauche.
Outre
la gestion, souvent épineuse, des diverses “sensibilités” de son parti, l’autre
grand chantier de la présidente du FN consiste à élargir son spectre électoral
en direction, notamment, des catégories les plus favorisées (14 % d’approbation
chez les cadres supérieurs, contre 40,5 % chez les ouvriers), les plus “intellectuelles”
(15 % chez les bac + 2 et au-delà, contre 49,5 % chez les non-diplômés), ainsi
que chez les retraités (35 % des plus de 65 ans croient à son accession au second
tour en 2017, contre 62 % chez les 18-24 ans). La création du Rassemblement
bleu marine, dont le numéro deux est l’avocat Gilbert Collard (non encarté au
FN), a précisément pour objet de s’adresser à ces populations jusque-là
réticentes à l’égard du parti lepéniste.
Alors
que le défi de la “dédiabolisation” est en passe d’être remporté (près de la
moitié des Français ne perçoivent pas le FN comme un danger, contre seulement
19 % à la fin des années 1990 selon la dernière étude TNS Sofres-le Monde),
reste encore à Marine Le Pen à crédibiliser son discours : parmi ceux qui
“adhèrent à ses constats”, le nombre de ceux qui “n’adhèrent pas (à ses)
solutions” est trois fois plus élevé. La crise, la désespérance sociale et le
rejet sans précédent des politiques, dont rien ne laisse présager qu’ils
puissent décroître rapidement, devraient l’y aider.
Reste,
pour accéder au second tour en 2017, une inconnue : le nom de son adversaire de
droite — où se situe son plus important vivier électoral. Même si Marine Le Pen
affirme ne pas y croire, un retour de Nicolas Sarkozy pourrait la desservir.
Chez les électeurs “marinistes” de 2012, l’ancien chef de l’État recueille pas
moins de 63 % d’opinions favorables, dont 20 % de très favorables. Contre
seulement 41 et 8 % en faveur de Copé…¢
Avec
Valeurs Actuelles (posté par Marino)