vendredi 23 novembre 2012

Israël – Palestine : Un rite mondialiste – par Jean-Marc Desanti


« La routine, cette préface des révolutions. » (Émile de GIRARDIN)

La routine, oui la routine. Des « spécialistes » du Moyen-Orient voudraient voir des éléments nouveaux dans la situation découlant de la trêve entre le Hamas et Israël. Mohammed Morsi serait donc le grand vainqueur, avec les  Frères musulmans, le Hamas deviendrait le seul interlocuteur valable, remplaçant alors un grand perdant, avec l'état hébreu : Mahmoud Abbas, devenu définitivement président fantôme d'une entité inexistante.


Plus grave, nous dit-on : « L'attentat, et les roquettes qui ont touché Tel-Aviv et ses environs provoquent un sentiment de panique compréhensible, et le sentiment d'un environnement dangereux que représentent les pays arabes réfractaires et hostiles à l'encontre des Israéliens. Les services secrets de l’État hébreu ont  d'ailleurs mis une semaine à découvrir l'arsenal colossal du Hamas fourni entre autres par l'Iran et la Libye, ce qui souligne leur mauvais fonctionnement. L'attentat visant un bus dans la capitale Tel-Aviv qui a fait 17 blessés mercredi 21 novembre n'est que le parachèvement du lancement de roquettes vers la ville ». Ah oui ? Vraiment ? Si l'on ose publier et faire publier ce genre de stupidités, c'est pour ne pas poser la question fondamentale : Qui t'a fait roi ?

À la fin du Xe siècle, le roi de France est un seigneur parmi tant d'autres. Il est même moins puissant et moins influent que la plupart de ses pairs. Mais à la différence des autres seigneurs qui l'ont élu, le nouveau roi a été sacré et personne ne doute qu'il ait été choisi par Dieu pour faire régner la paix dans le royaume. Le sacre de Hugues sera  l'élément fondateur du royaume de France. Sa légitimité est cependant bien fragile. Lorsqu'il s'oppose à son vassal Adalbert de Périgord, refusant de lever le siège de Tours, Hugues lui demande : « Qui t'a fait comte ? », et le vassal répliqua « Qui t'a fait roi ? ».

L’Histoire a ceci d'intéressant, c'est que sans nous donner la réponse, elle nous invite à reconstituer les morceaux du puzzle.

La dialectique du vassal et du roi est une donnée permanente dans les relations internationales. L'accord parrainé par Morsi (le mot parrain convient bien aux mafieux) n'a été possible et pensable que par le grand roi des mafieux : Obama. Rendons-lui cette justice, quoiqu'en pensent certains israéliens et même quelques européens, un autre Président des USA aurait agi de même. Depuis la mort de Kennedy (le dernier président qui osa se prendre au sérieux et tenter une politique indépendante de la mafia militaro-industrielle) Obama, ses prédécesseurs et ses successeurs ont été, sont ou seront « élus » avec la bénédiction des petits barons de la planète. Ces traîtres à leur peuple et à leur prétendue cause sont, en réalité, de petits actionnaires, de petits porteurs qui adoubent un patron et touchent leur minable commission en échange d'une liberté totale dans la gestion « des affaires ». On peut donc entendre Morsi dire «  l'opération israélienne est une agression flagrante contre l'humanité » (rien que ça) et Lieberman (un homme, un vrai celui-là , ancien partisan de bombardements sur l’Égypte) lui répondre quelques jours plus tard « Merci absolument au Président Morsi ». Tartuffes, la soupe est bonne. Restez donc au pouvoir, vous avez l'imposture en viatique.

Votre patron, le black sympa et sa cohorte de conseillers « juifs » vous ont donné votre feuille de route. On continue de s'enfoncer dans la mondialisation que certains s'obstinent à nommer « globalisation » pour faire oublier l'ignoble projet babélien qui allie tyrannie et misère épouvantable.  Les 163 morts palestiniens et les 6 morts israéliens sont le prix à payer pour ne pas trop parler des sabotages économiques menés par les dirigeants corrompus de l'Europe. Obama a une mission primordiale : s'appuyer sur « les révolutions arabes » mises en place par la CIA pour contrôler et réduire définitivement les foucades de ses vassaux. On a viré les petits dictateurs arabes car ils finissaient par vouloir s'autonomiser et croyaient encore aux vieilles lunes de la guerre contre l'Amérique et le Sionisme. Exit les petits Kennedy capricieux, incapables de « tenir » leurs peuples. Avec des « islamistes » partout ça va beaucoup mieux. Des réalistes ces mecs-là, la saveur d'un pouvoir tout neuf, la certitude de ne pas faire, un jour, de chantage aux matières premières … Et une police qui fait la chasse aux femmes « libres ». Le paradis pour ces puritains hypocrites de Yankee.

Alors Israël ? Alors le Sionisme ? Ils obéissent, ils se font petits, ils trompent les vivants. Alors pas de risque encore de « révolution juive ». Oncle Sam est satisfait. Il transforme les frappes de Tsahal en rugissement de lion castré.

La routine, oui la routine. On accepte un peu de faire dégorger le poireau du trop plein de testostérone, mais après, tout le monde à la niche.

On dit beaucoup que les juifs sont « puissants », on dit sans cesse qu'ils sont intelligents et détiennent des « secrets initiatiques ». On dit aussi qu'Israël peut se permettre n'importe quoi, que les israéliens ont une arme quasi-magique qui permettrait de détruire la planète en quelques heures … Vous savez quoi ? Même si c'est vrai, même si c'est techniquement probable, il y a autre chose de plus fort que tout ça : On a mis cet état et ce peuple, comme tous les autres, dans une salle d'opium. On les laisse dépressifs à rêver de leur puissance.

Alors ? La liberté des peuples ne s'accomplira qu'avec l'écrasement de ce que l'on nomme improprement les USA. Entre le prédateur et ses victimes point d'accord possible. La liberté de l'un détruit la liberté de l'autre. Appliquons aux USA et à ses laquais ces vers de Corneille :
 
«Assez et trop longtemps l'arrogance de Rome
A cru qu'être Romain c'était être plus qu'homme:
Abattons sa superbe avec sa liberté ;
Dans le sang de Pompée éteignons sa fierté. »

Je concède que nous risquons alors de sortir de la routine, je concède qu'un véritable désordre mondial puisse éclater, je concède que les civilisations risquent de s'entretuer et j'envisage même la possibilité d'une guerre mondiale. Mais en conscience, chacun ne doit-il pas choisir entre le cannabis et la varappe ? Entre l'opium et la vie ? Savons-nous encore que la vie comporte des risques ? Et que ceux-ci sont mortels ? Tout comme la drogue et la soumission du chien battu à mort.

Nous avons le choix. Vivre libre et debout, pas longtemps, peut-être, ou se faire cracher à la gueule dans des couches de vieillard.

Mais faisons tous ensemble l'effort de réfléchir quelques secondes. Si tous les peuples de ce monde se délivrent de leurs chaines et décident que leur destinée est un risque à courir, croyez-vous qu'ils choisiront nécessairement la « soumission » à la violence ? Et pourquoi pas la délivrance de la Paix ? Une révolution n'est-ce-pas ?

La routine, cette préface des révolutions !

La décadence

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